L’embouchure

La question de l’embouchure du cornet est toujours délicate. Dans les musées, il reste beaucoup moins d’embouchures que de cornets, et il est difficile de savoir si ces embouchures sont de la même époque que les cornets conservés. Dans certains cas, l’embouchure est coincée dans le cornet, mais bien souvent, nous ne savons pas avec quelle embouchure un cornet donné était joué.
Les  formes et les dimensions des embouchures conservées varient considérablement. Quelques expériences simples effectuées avec des copies d’embouchures historiques, sur des cornets originaux et modernes montrent que le choix de l’embouchure conditionne le son et la justesse de façon très importante. Le confort de jeu est également très différent d’une embouchure à une autre…

A l’heure actuelle, deux types d’embouchures sont majoritairement employés. Le premier est en forme d’entonnoir ou d’entonnoir profond. Cette forme d’embouchure est directement inspirée de quelques modèles historiques (musée de Nuremberg), et de la forme de l’embouchure de beaucoup de cornets muets historiques. Le second type d’embouchure est de diamètre plus grand et ressemble aux embouchures de cuivres modernes. Certaines embouchures historiques, conservées en Suisse et en Angleterre ont des dimensions et des formes similaires. Les cornettistes débutants venant de la trompette préfèrent souvent les grands modèles.

Les embouchures historiques sont en corne, en bois dur ou en ivoire. Actuellement, la plupart des cornettistes emploient des embouchures en corne ou en bois. La résine est également un matériau employé, car très proche de la corne.

Les principaux paramètres de l’embouchure du cornet sont les mêmes que pour tous les cuivres et influent sur le son, l’attaque, le confort et la justesse. L’embouchure du cornet à bouquin est amovible et interchangeable, ce qui permet de faire varier cinq paramètres principaux. L’embouchure des cornets muets fait partie de l’instrument et se limite aux bord, à la cuvette et au grain.

Dessin (embouchure en gros plan avec fléchage des différentes parties)

– Les bords : Les embouchures historiques présentent des bords souvent fins (presque coupants), légèrement plats, ou plus rarement légèrement arrondis. Le diamètre intérieur est compris entre 12,5 et 14,5 mm pour les plus courantes mais quelques embouchures sont plus grandes et vont jusqu’ à 16 ou 17mm. Le diamètre extérieur est compris entre 16,5 et 19mm et jusqu’ à plus de 20 pour les plus grands modèles. Les bords peuvent former un angle vif avec l’extérieur de l’embouchure ou le début de la cuvette. Les bords ont une influence sur le confort des lèvres ainsi que l’attaque du son.

– La cuvette : Quatre types de cuvettes sont communément recensés dans les musées. L’entonnoir, l’entonnoir profond, la cuvette hémisphérique (plus ou moins profonde) et la cuvette en ogive. La plupart du temps, le fond de la cuvette se finit par un angle plus ou moins vif, sauf dans le cas de l’entonnoir profond. La forme de la cuvette a une influence sur le son et peut dans certain cas favoriser le registre aigu ou grave. Son volume général influe sur la justesse. En règle générale, plus le volume de la cuvette est grand, et plus le diapason baisse, surtout dans l’aigu. Cette tendance est couplée à d’autre paramètres, et est liée également à la technique de jeu employé par le cornettiste (technique d’air). La plupart des cornettistes actuels emploient des embouchures dont les cuvettes sont dépourvues d’angle au fond.

– Le grain : C’est la portion de l’embouchure qui a le plus petit diamètre (de l’ordre de 3 mm), et qui se trouve entre le fond de la cuvette et la queue. La géométrie de grain influe sur tous les paramètres du jeu, du son et de la justesse.

– La queue : La queue est la partie terminale de l’embouchure. Sa géométrie externe lui permet une bonne adaptation au début du cornet, moyennant quelques tours de fil pour assurer l’étanchéité. Sa forme intérieure est globalement conique et ses dimensions influent sur le son et la justesse. Une queue trop longue ou trop fermée a tendance à faire baisser l’aigu, tout est affaire de compromis. (Et compromis, chose due…)